ourquoi cette question? Parce mes recherches et mon expérience vont dans le même sens : la motivation des personnes hyper-exigeantes est vacillante et éphémère. Elle comporte des hauts et des bas. Pour la personne exigeante, ce n’est jamais assez. Elle n’est jamais satisfaite. Et au fond, elle n’est pas véritablement heureuse.
Une salle de séminaire est remplie de dirigeants; tous des chefs hyper-performants dont la carrière est couronnée de succès. Ils sont interrogés sur leur état émotionnel. Ils s'expriment de manière anonyme sur de petits cartons que l'animateur, auteur best-seller, lit les uns après les autres. Mélange de stupéfaction et de compassion dans la salle. Dans l'ensemble, ces entrepreneurs partagent un sentiment de solitude parfois intense, un manque de réalisation de soi, une faible estime de soi, l'impression d'être fondamentalement paresseux et donc, un sentiment d'imposture.
Si vous lisez ces lignes, vous êtes probablement une personne exigeante, tout comme moi. Dans ce cas, vous vous êtes peut-être déjà rendu compte que cette exigence colore toute votre expérience:
Ce dernier point a une conséquence : l'estime de soi est conditionnée à la réalisation d’accomplissements toujours plus grands. Nous nous lançons des défis toujours plus élevés et nous ne nous estimons que si nous relevons le défi. Mais il y a un effet pervers, au delà du conditionnel, c'est que le défi comporte toujours une partie inatteignable. D'une manière ou d'une autre, nous nous arrangeons pour ne pas parvenir complètement à nos fins (eh si!). Il faut alors s'arracher tant et plus puisqu'un autre défi encore plus grand vient remplacer le précédent.
Vous êtes en proie à l’épuisement. Inévitablement. Tôt ou tard.
S’arrêter? Se reposer? Penser à soi ? C’est admettre une faiblesse incompatible avec l’exigence.
Un cercle vicieux s'installe vite, et nous usons nos ressources et notre énergie. Comment s’en sortir, dès lors que les personnes hyper-exigeantes éprouvent de la difficulté à mettre des limites, et à prendre soin d’elles-mêmes? Comment, dans un premier temps, réaliser ce qui se passe lorsqu’on a du mal à être en contact avec ses émotions? Dans l'esprit de l’hyper exigeant.e, les émotions empêchent d’être performant.e. Les émotions bien familières sont liées à la déprime lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes.
Et si nous voyions ensemble comment inverser la tendance et entrer dans un cercle vertueux, pour être plus heureux et rester motivé?
Tout d’abord la mauvaise solution, le piège, c’est de positiver (sous entendu à outrance). Cette attitude correspond à un refus de voir la réalité en face, un peu comme si nous nous prenions pour un super héros inconscient de ses propres limites. On se convainc que « ca va aller ». Conséquence ? Je dormirai demain, je mangerai demain, je ferai du sport demain… Très vite, demain est devenu une semaine, un mois, un trimestre, une année. Certes entrecoupée de breaks, de vacances, mais dès le retour, les mêmes schémas refont surface.
Comme pour tout changement, si vous voulez inverser la tendance, la prise de conscience est indispensable. Ce mécanisme, vous ne le connaissez que trop bien. Difficile donc d’en être conscient. Il sera utile de sentir son corps, sentir la fatigue. Et si vous vous posiez quelques questions? Voyez-vous vos amis? Dormez-vous assez? Prenez-vous le temps que vous désirez pour votre relation? Y a-t-il assez de place pour vos loisirs dans votre vie ? Prenez-vous le temps de ne rien faire?
Si vous répondez non à ces quelques questions, vous pouvez déclencher le signal d'alarme. Bonne nouvelle toutefois, vous n'êtes pas une personne hyper-exigeante. Vous avez adopté un mécanisme d'auto-sabotage appelé "hyper-exigeance", plus tôt dans votre enfance. Ce mécanisme vous a été utile, mais il ne l'est plus. Etant donné qu'il s'agit d'un ensemble de comportements, de pensées et de sentiments, vous pouvez en changer. Lisez mon article sur le sujet (il comporte un lien vers un test gratuit pour identifier vos saboteurs).
Décider de ne pas dépasser 10 heures de travail par jour n'a pas de sens en soi. Encore faut-il connaitre nos limites personnelles et nos désirs dans d'autres sphères que celle du travail. L'exigeance n'autorise rien d'autre que l'atteinte pleine et complète de nos objectifs. Ces derniers dépendent de nos capacités.
Avant de mettre des limites à votre exigeance, accepter les vôtres. Certaines choses ne dépendent pas de vous. Si vous incluez dans vos attentes - déjà maximum - des résultats qui dépendent des autres, vous serez déçu.e. Sachez ne pas vouloir tout contrôler, faites la distinction entre les objectifs que vous maitrisez pleinement et ceux qui sont au delà de votre contrôle.
La première étape pour repousser ses propres limites, c'est de les connaître et les re-connaitre.
"La différence entre la stupidité et le génie, c'est que le génie a ses limites." Albert Einstein
Par-delà les jugements, les choses sont telles qu'elles sont. Nous avons besoin de tout évaluer, tout nommer, qualifier. Une partie de vous est au delà de ça. Faites appel à votre observateur, votre Sage, pour dépasser la dualité du jugement, voyez et sentez au delà du bien/mal, du bon/mauvais. Notre juge intérieur - saboteur que nous avons tous en commun - évalue constamment : les autres, les événements et situations, et nous-même. Commencez vos affirmations par « c’est ». Et terminez les là. Les choses ne sont pas comme ceci ou comme cela, elles sont, tout simplement. Laissez-vous percevoir le monde sans le filtre du jugement.
"La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit, n'a souci d'elle-même, ne cherche pas si on la voit." Angelus Silesius
La rose est sans pourquoi mais pas sans raison Et si vous faisiez comme elle?
Les comportements des hyper (exigeants, réalistes, vigilants, et autres) possèdent une dimension compulsive. Vous anticipez? Vous y pensez trop souvent?
Les neurosciences ont modélisé ces mécanismes d'hyper. S'ils vous permettent une performance élevée, ils ne sont pas pérennes. Sachez reconnaitre la motivation de votre saboteur hyper-exigeant: que recherche-t-il? Qu’essayez-vous de satisfaire par son intervention? Lorgnez principalement de ce côté-ci : s’agit-il de sécurité? d’affection ? de reconnaissance? Soyez courageux et regardez ce mécanisme en face.
"Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux changer ... le courage de changer les choses que je peux... et la sagesse d'en connaître la différence."
Maintenant que vous connaissez mieux votre saboteur, vous allez pouvoir l'atténuer, voire mieux: l'apprivoiser. L'idée est de représenter à l'extérieur de vous ce à quoi vous vous êtes identifié à l'intérieur. Passer de "je suis hyper exigeant.e" à "j'ai un comportement hyper-exigeant, j'en suis conscient, je le cible et je décide de le diminuer".
A vous de jouer. Vos propres stratégies seront les meilleures. Shirzad nous en propose une assez marrante: réaliser un avis de recherche de votre ennemi : « Recherche Hyper-Exigeant.e », et écrivez y la description de ses traits de caractères les plus marquants.
En matière de changement, et donc de pédagogie, il est souvent nécessaire de forcer le trait. A propos, un peu d'humour et de jeu pourrait bien vous rendre la tâche plus facile.
“Vous ne pouvez pas combattre ce que vous ne connaissez pas.” Anonyme
Si vous n'êtes pas ce mécanisme, qui êtes-vous? Ca peut faire frissonner. L'identification à notre comportement hyper peut être telle qu'il est impossible de se voir autrement. Et pourtant.
Prenez une minute. Appuyez sur pause. Portez votre attention sur votre respiration. Appréciez le silence qui s'installe à l'intérieur. Remarquez que vous ne devez rien faire pour respirer. L'air entre frais et sort plus tiède, plus humide. Vous n'avez rien à faire. Votre ventre se bombe d'air, et se vide aussitôt. Ce rythme est interminable. Il dure toute votre vie.
Qui respire ?
Si vous apprivoisez ou combattez votre hyper, vous pouvez aussi augmenter le sage en vous. Il y a une multitude de possibilités pour cela. A nouveau, vos stratégies seront les meilleures. Lorsque votre mental est votre meilleur ami, c'est parce que le Sage a pris les choses en main. Les saboteurs et le Sage sont activés par différentes régions du cerveau et peuvent être affaiblis ou renforcés en fonction de la région activée. Le Sage voit les nuances entre le blanc et le noir, il relativise, il sait accepter les situations sans les évaluer, il comprend le pourquoi d’une situation en se basant sur des faits.
Que pouvez-vous mettre en place pour activer votre Sage ?
Enfin, voyons du côté de votre motivation.
Celle du saboteur est extrinsèque. Il cherche à atteindre un résultat qui s’éloigne alors que vous essayez de l’atteindre. L’alternative, c’est de puiser dans une source d’énergie intarissable et de trouver une motivation intrinsèque, c'est à dire une motivation qui soit indépendante du résultat.
Qu’est-ce que, dans la situation, vous pourriez faire spontanément pour le plaisir de faire, peu importe le résultat ?
“Je veux réaliser de belles choses, même si personne ne s'en soucie” Saul Bass
Vous n’êtes pas une personne hyper-exigeante, vous avez adopté un mécanisme hyper-exigeant, qui vous a aidé certes autrefois. Aujourd’hui, ce mécanisme est devenu le pilote de votre avion. Allez-vous le laisser faire ? Combien de temps ?
Des preuves irréfutables de recherches en psychologie, en neurosciences et en sciences organisationnelles montrent que, en développant de nouveaux muscles, de nouveaux cablages neuronaux, les performances sont supérieures de 30 à 35% en moyenne. Ces recherches indiquent également que ces personnes, avec ces muscles plus développés, sont beaucoup plus heureuses et moins stressées.
Vous avez le pouvoir de développer de nouveaux muscles, de ne plus dépendre des circonstances pour vous aimez, pour être satisfait.e, motivé.e et plus heureux.se.
Nous aspirons tous à plus, à mieux, à autre chose, à quelque chose de plus grand, de plus beau, de meilleur. Le fait est que peu d'entre nous arrivent à changer. Pourquoi est-il si difficile de tenir nos "bonnes résolutions ?
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