Qu'est-ce qui nous rend humain ? Conversation lors d'un coaching.

l prend rendez-vous pour un problème de confiance en lui. Serge, mon client, est amené à prendre davantage de responsabilités dans son travail et il se sent très préoccupé. Il anticipe une situation future compliquée et cette préoccupation se manifeste dans sa vie présente, principalement dans ses relations. Il est stressé, à l’impression de ne pas arriver à se faire respecter, à communiquer clairement, à faire passer une idée, ou à commander me dit-il encore.

L'homme que j'ai en face de moi ne dégage pas naturellement l'image du commandant. Je le questionne par rapport à cette dernière affirmation. Est-ce cela que son nouveau rôle attend de lui? Commander: le comportement lui correspond-il ? Au cours de notre conversation, il clarifie sa vision de leader. Il apparait clairement qu’une posture de commandement semble cadrer bien plus avec une idée reçue de la posture de manager qu’avec ses propres convictions. Et plus fondamentalement, cet homme me dit avoir perdu sa confiance en lui et que cela l’empêche d’être le leader de sa vision.

Il a perdu sa confiance en lui. Donc il avait, à un moment donné dans sa vie, confiance en lui. J'approfondis mon questionnement et il me raconte que dans une vie passée, il était prêtre. Il m’apparait clairement que dans cette vie, il avait les qualités de leader dont il a besoin aujourd'hui. Il avait confiance en lui, et cette confiance il la puisait dans sa mission de prêtre. Je lui demande de parler de son rapport à Dieu. Il dit prier encore beaucoup aujourd'hui. Dans ses prières, il remercie pour l’homme qu’il est, pour sa vie, et il fait des demandes. Il me vient une idée: lui demander de vivre en séance son expérience de Dieu. Un peu surpris, il quitte momentanément la conversation pour se recueillir, au beau milieu de la séance. Il ferme les yeux, baisse la tête, joint ses mains. Quelques secondes passent. Je le calibre, et lui demande:

- Dans cette expérience de Dieu, y a-t-il du doute ?

- Non, me répond-il après un long silence

- Il n'y pas de doute. Tout est donc clair. Comment vous sentez-vous?

- En paix

- Voyez-vous un moyen de vous inspirer de cette expérience dans votre quotidien?

Pas de réponse. Il ouvre les yeux peu après et m'avoue qu'il lui est difficile d'être à la fois dans la prière et dans le dialogue. Nous continuons notre conversation. Il m'exprime ce qui est présent lorsqu'il prie: calme, confiance, gratitude.
Je répète: "calme, confiance, gratitude... vous vous sentez confiant".
Je l'invite à refaire l'expérience de Dieu, et à écouter mes questions sans y répondre.

"Il n'y a pas de doute. Il n'y a que calme et confiance. Imaginez que vous transposez votre état dans votre travail? Qui seriez-vous alors ?" Silence... "Comment vous comportez-vous?" Silence..."Que ressentez-vous"? Silence... "Comment sont vos relations"? Je laisse le silence planer jusqu'à ce qu'il revienne "avec moi". Il ouvre les yeux.

"Je n'avais jamais vu les choses comme ça", me dit-il. "C'est vrai que la prière est très importante dans ma vie, mais l'expérience de Dieu n'existait que dans la prière. Je vois maintenant que je peux la vivre chaque jour, dans mes relations aux autres, et au travail."

Je le laisse ancrer cet apprentissage dans sa conscience, avant de l'inviter à prendre des engagements. Des engagements vis-à-vis de lui-même pour manifester le leader qu’il est, en confiance.

Serge est allé puiser une ressource importante, sa confiance en lui, au coeur de sa spiritualité. L'expérience de Dieu n'est pas une question de religion, mais de spiritualité, la religion n'étant qu'une forme particulière de vivre sa spiritualité.

Nombre d'initiatives travaillent à replacer l'humain au coeur: de l'économie, de l'entreprise, bref, de nos écosystèmes et de nos démarches collectives. Qu'est-ce que cela veut dire au juste?

J'ai décidé de rédiger cet article lors d'un échange avec une neurophysiologue au sujet de ce qui nous différencie, nous êtres humains, du reste des êtres vivants. Cette experte m'avait dit que ce qui nous distinguait des animaux d'un point de vue physiologique sont des cellules nerveuses que nous être humains sommes les seuls à posséder. L'épigénétique nous dit que les cellules transforment notre esprit, notre conscience pure, en matière. Notre cerveau serait l'instrument qui permet à notre conscience de vivre notre vie matérielle terrestre. Quel est le rôle de ces cellules dont elle m'a parlé? A quelle réalité supérieure nous permettent elles d'accéder?

Nous sommes capables de créer notre réalité. Nous possédons un pouvoir créatif au delà de tout ce que nous pouvons imaginer. Nous y sommes malheureusement trop rarement connectés de manière consciente. Et si c'était cette expérience spirituelle, en lien avec notre pouvoir créatif conscient, qui nous rendait singulièrement humain? Et si ce qui nous rendait humain c'était précisément le divin en nous ?

Ce qui est intéressant, au delà de toute débat de nature philosophique, c’est que la confiance peut être nourrie par la mission. Cette dernière n’existe que dans notre rapport aux autres et à ce qui nous dépasse. C’est la question du sens. Lorsque nous trouvons du sens à notre action, nous entrons dans un espace de paix et de confiance, mêlé à l’enthousiasme.

Nous sommes tous connectés les uns aux autres. Ce n’est plus à démontrer. Ce qui nous rend humain, à mon humble avis, c’est au delà de notre cerveau plus évolué, c’est notre capacité à collaborer, à communiquer, et à donner du sens à notre action.

Et vous, qu’en pensez-vous ?